17/04/2025
« Je monte vers Gethsémani tout au long de la nuit obscure »
« Ô nuit, odeur de l'agonie ... »
Robert Brasillach, « Gethsémani », Les Poèmes de Fresnes, par Pierre Fresnay
SELON MATHIEU. Je monte vers Gethsémani tout au long de la nuit obscure. La nuit est longue, la nuit dure, Ô nuit, odeur de l'agonie. Autour de moi rien ne subsiste de tout cela que je rêvais. Jusqu'à la mort, mon âme est triste, mon âme est triste, il faut veiller.
SELON MARC. Père, est-il vrai que vienne l'aube ? Qu'approche celui qui me livre ? Que ce calice se dérobe ! Que le matin me laisse vivre. Mais s'il faut bien que je m'apprête, si nul ne peut rompre mes chaînes, que votre volonté soit faite, la vôtre, Père, et non la mienne
SELON LUC. Les miens sont endormis encore, accablés sous l'immense peine. La sueur coule de mon corps, le sang s'écoule de mes veines. Est-ce un Ange qui vient vers moi ? Ses paumes sont douces et fortes, il rafraîchit mon désarroi, il me parle et me réconforte.
SELON JEAN. Si viennent juges et vendus, Père, je pourrai leur jurer. Que personne ne s'est perdu de ceux qu'on m'avait confiés. J'aurai gardé de l'aventure ceux-là qui ont su m'écouter. La nuit est longue, la nuit dure, mais j'y maintiens cette fierté. Si longue soit-elle et si dure, en souvenir de l'agonie, Seigneur, et de ta nuit obscure, sauve-moi de Gethsémani !
Robert Brasillach, 3 février 1945.
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