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06/01/2016

« Espérez et priez ; la prière obtient tout. Votre fils n'est pas perdu ; vos yeux le reverront avant de se fermer. Attendez en paix les jours de Dieu. »

 

Félicité de Lamennais.PNG

 

« Ce que vos yeux voient, ce que touchent vos mains, ce ne sont que des ombres, et le son qui frappe vos oreilles n'est qu'un grossier écho de la voix intime et mystérieuse qui adore, et prie, et gémit au sein de la création.[1] Car toute créature gémit, toute créature est dans le travail de l'enfantement, et s'efforce de naître à la vie véritable, de passer des ténèbres à la lumière, de la région des apparences à celle des réalités. Ce soleil si brillant, si beau, n'est que le vêtement, l'emblème obscur du vrai soleil, qui éclaire et échauffe les âmes.[2] Cette terre, si riche, si verdoyante, n'est que le pâle suaire de la nature : car la nature déchue aussi, est descendue comme l'homme dans le tombeau, mais comme lui elle en sortira. Sous cette enveloppe épaisse du corps, vous ressemblez à un voyageur qui, la nuit dans sa tente, voit ou croit voir des fantômes passer. Le monde réel est voilé pour vous. Celui qui se retire au fond de lui-même l'y entrevoit comme dans le lointain. De secrètes puissances qui sommeillaient en lui se réveillent un moment, soulèvent un coin du voile que le temps retient de sa main ridée, et l'œil intérieur est ravi des merveilles qu'il contemple. Vous êtes assis au bord de l'océan des êtres, mais vous ne pénétrez point dans ses profondeurs. Vous marchez le soir le long de la mer, et vous ne voyez qu'un peu d'écume que le flot jette sur le rivage. À quoi vous comparerai-je encore ? [3] Vous êtes comme l'enfant dans le sein de sa mère, attendant l'heure de la naissance ; comme l'insecte ailé dans le ver qui rampe, aspirant à sortir de cette prison terrestre, pour prendre votre essor vers les cieux. »

 

Félicité de Lamennais, Paroles d’un Croyant (1834)



[1] Cf. Fénelon, Télémaque, chapitre IV : « Celui qui n'a jamais vu cette lumière pure est aveugle comme un aveugle-né ; [...] il meurt n'ayant jamais rien vu ; tout au plus il aperçoit de sombres et fausses lueurs, de vaines ombres [...]. »

[2] Cf. Fénelon, Traité de l'existence et des attributs de Dieu : « Il y a un soleil des esprits, qui les éclaire tous, beaucoup mieux que le soleil visible n'éclaire les corps. » (Première Partie, Chapitre II.)

[3] Marc (IV, 30) et Luc (XIII, 20 et sq.).

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